LA SAISON 1 DES MARQUES QU'ON AIME (de 1960 à 2015)

À Pâques, le chocolat rime avec « oum » !

Don Draper arrive au bureau. À peine sa secrétaire s’est-elle emparé de son manteau et de son chapeau, qu’il s’enferme dans son bureau. Son premier geste consiste à se servir une copieuse rasade de whisky et à s’asseoir, en priorité dans son canapé, afin d’y savourer une Lucky Strike sans filtre. Alors seulement, il se détend et envisage de se pencher sur son activité du jour. Aujourd’hui, il a doublement besoin de calmer son angoisse à coup d’alcool fort : il est rentré tard, après une de ces tromperies dont il est coutumier. L’accueil de son épouse Betty a été particulièrement violent et il se demande bien comment il va pouvoir rattraper le coup en rentrant chez lui, ce soir. Peut-être, en ne rentrant pas, après tout, pense-t-il dans un ultime élan de lâcheté. L’état nauséeux qu’il traîne l’empêche d’organiser ses idées, tant personnelles que professionnelles. Même si elle n’est plus sa secrétaire, seule Peggy peut le tirer discrètement de ce mauvais pas. À peine l’a t-il sollicitée sur sa ligne directe qu’elle pénètre dans son bureau ; à croire qu’elle patientait derrière la porte !

- Peggy, fermez la porte. Qu’est-ce que vous m’apportez dans ce verre ?

- Juste un petit remède à ma façon.

- Et pourquoi croyez-vous que j’ai besoin d’un remède ?

- Pour rien, juste un peu de fatigue, sans doute, ajoute-t-elle, accompagnant sa remarque d’un sourire un peu malicieux.

- Peggy, je n’aime pas votre air suspicieux. Donnez-moi ça.

Il en avale deux gorgées, non sans grimacer.

- Quelle horreur, vous voulez m’empoisonner ? Il y a quoi dans cette mixture ?

- Un peu d’essence de menthe poivrée. Allez, buvez tout !

Don s’exécute ; son air bougon dissimule mal l’admiration qu’il a pour Peggy, et il achève la dernière gorgée avec un sourire complice envers sa nouvelle rédactrice.

New York – 5 avril 1961

L’essence de menthe poivrée, un remède de grand-mère ? C’est un des constituants de base d’un de ces médicaments, l’Hepatoum, qui a traversé le temps et a su garder les faveurs des consommateurs.

On doit son invention à Robert Zimmermann*, qui, à la sortie de la dernière guerre, installe son usine au sein des établissements Guerrier, réputés pour leur eau gazeuse de grande qualité.

Situés dans la commune de Saint-Yorre, proche de Vichy, les laboratoires Hepatoum, vont développer cette boisson riche en bicarbonate de soude, en curcuma, en huile essentielle de menthe et autres principes actifs extraits de plantes, qui en font un produit anti-acide et cholagogue naturel, facilitant les digestions difficiles. À près de soixante-dix ans, l’Hepatoum, dont on n’a guère rajeuni que le flaconnage, se porte toujours bien, son succès ayant même contribué au rachat d’autres laboratoires tel que Fuca et à développer des produits, Mercalm, Broncathiol ou Instillagel, dont le point commun est, selon le laboratoire Hepatoum, d’être le fruit de la transmission d’un savoir-faire, de génération en génération.

* Curieusement, Robert Zimmerman est aussi le nom patronymique de Bob Dylan, mais dont le seul rapport avec l’Hepatoum est peut-être la longévité de la carrière !

 

Comment parler de l’Hepatoum sans évoquer un autre produit aux vertus digestives analogues, mais surtout, lui aussi à la curieuse consonance en « oum », le Schoum !

En réalité, le respect de la chronologie historique aurait dû nous conduire à le citer en premier, car c’est en 1925 qu’un médecin, le Docteur de La Noie (ça ne s’invente pas !), eut l’idée de commercialiser un remède de sa composition, qui avait largement fait ses preuves sur sa patientèle hépatique ou biliaire.

Cela faisait près de vingt ans qu’il leur prescrivait sa composition à base de fumeterre, bugrane, piscidia, sorbitol et menthe poivrée, le tout agrémenté d’un peu d’eau chloroformée aux vertus anesthésiantes, et dilué dans l’eau de source si réputée de Courbevoie. Il faut préciser que l’environnement de cette jeune banlieue de Paris était si propice au bon air qu’elle était devenue, dès la fin du siècle précédent, le berceau de nombreuses entreprises pharmaceutiques modernes. C’est au 13 de la rue de la Sablière que le jeune laboratoire s’installa : il reprenait les locaux d’un prestigieux prédécesseur, la société Cadum.

Un siècle plus tard, Jacques Faizant a inventé la Schoumologie, le Schoum a encore de nombreux adeptes digesto-sensibles et Courbevoie accueille toujours une partie des locaux du laboratoire Omega-Pharma qui a repris sa commercialisation.

Mais qui se souvient de l’origine de ce nom bizarre ? Une origine asiatique, celle d’un alcool de riz qui avait su exciter les papilles du bon Docteur de La Noie, au point qu’il en baptise ainsi sa trouvaille, celle qui savait si bien combattre les désordres propres aux boissons alcoolisées de ses patients.

La liste est longue de ces traitements à visée digestive qui ont traversé le siècle ; ils racontent une époque où la phytothérapie était reine, et où l’efficacité de ces produits, certes réelle, ne s’embarrassait cependant guère de précisions ; « facilitateur de la digestion », « protecteur hépatique » résumaient bien souvent leurs vertus médicinales. Voici une trop courte visite en images de ces témoins toujours vivants d’une époque, elle, révolue.

 

RENNIE

 

La commercialisation des tablettes Rennie date de 1920, mais elle prend un véritable essor en 1935 lorsque l’anglais Harry Marland rachète pour 5 000 livres à John Rennie les droits de son « anti-acide », dont le laboratoire Hoffmann-Laroche assurera à partir de 1992 la diffusion mondiale.

 

EAU DE MÉLISSE DES CARMES BOYER

 

Ayons une pensée particulière pour l’Eau de mélisse des Carmes Boyer, peut-être le plus vieux produit au monde, distribué encore de nos jours, et dont on apprend qu’elle aurait soulagé les troubles « nerveux et digestifs » du roi Louis XIV en personne et dont Avicenne disait qu’elle : « rend le cœur joyeux et content, et affermit les esprits vitaux ».

 

 

ALKA SELTZER

 

L’Alka-Seltzer a été lancé en 1931 par un laboratoire américain de l’Indiana, le Dr Miles Medecin company. Il est aujourd’hui la propriété de Bayer Schering Pharma.

 

 

CITRATE DE BÉTAÏNE (1954)

… pour mémoire, du même laboratoire Beaufour !

 

 

ET NON SANS UN BRIN DE NOSTALGIE :

L’Agence Sterling Cooper ne connaît que le stress positif et les « pansements gastriques » ne voisinent pas la machine à café où, le matin, on prend souvent plaisir à refaire l’histoire. Les équipes créatives aiment bien feuilleter toute cette saga en images, précurseur de leur métier d’aujourd’hui. Ils se prennent parfois à rêver qu’on leur laisse la liberté de retrouver ce ton joyeux dans la communication, qui, ils en sont convaincus, peut se marier avec une information sur le médicament aux références les plus rigoureuses.

 

C’est ainsi que les experts en Communication Médicale se remettent joyeusement au travail pour élaborer une Annonce Presse pour un Laboratoire Pharmaceutique qui recherche des propositions créatives sur mesure, « Out of the box », appropriées à leurs besoins, avec une liste de contraintes réglementaires plus longue que le brief ! Un challenge comme on aime !

Paris – Avril 2015 –

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